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<h2>Un projet conduit en Lorraine &eacute;value &agrave; 26 % les parcelles peu ou pas infest&eacute;es par des vulpins r&eacute;sistants. Le retrait du fluf&eacute;nacet, annonc&eacute; pour 2026, sonne le glas des programmes &laquo; tout automne &raquo;, largement utilis&eacute;s. Et si les outils de pilotage permettaient de faire avec les produits restants et d&rsquo;optimiser les leviers existants ?</h2>

Par : Ludovic BONIN (ARVALIS), Fr&eacute;d&eacute;ric PIERLOT (Chambre R&eacute;gionale d&#39;Agriculture Alsace - Champagne-Ardenne - Lorraine, UMR Agronomie et Environnement (LAE), INRA, Universit&eacute; de Lorraine), C&eacute;line Ballesteros (Bayer), Magalie Devavry (Bayer), Nicolas Gruselle (Emc2), Olivier Lelu (Bayer), Christophe Gesell (Bayer)

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Pr&egrave;s de 90 % des parcelles d&eacute;sherb&eacute;es avec des substances actives racinaires d&rsquo;automne ne pr&eacute;sentent pas de d&eacute;rive d&rsquo;efficacit&eacute;.

Dans les parcelles drain&eacute;es, la ma&icirc;trise des gramin&eacute;es ind&eacute;sirables avec les herbicides foliaires devient tr&egrave;s difficile compte tenu de l&rsquo;&eacute;volution des r&eacute;sistances des adventices &agrave; ces derniers. Les strat&eacute;gies efficaces reposent donc quasi exclusivement sur le d&eacute;sherbage d&rsquo;automne et, avec le retrait pr&eacute;vu du fluf&eacute;nacet, les solutions chimiques se rar&eacute;fient encore plus. Le probl&egrave;me est important dans une r&eacute;gion comme la Lorraine, o&ugrave; le drainage concerne 20 % des surfaces agricoles. Lanc&eacute; en 2021, le projet Lorraine 3D vise un double objectif : dresser un &eacute;tat des lieux du niveau de r&eacute;sistance des vulpins aux herbicides, et &eacute;valuer l&rsquo;impact des restrictions d&rsquo;usages sur cette zone c&eacute;r&eacute;ali&egrave;re tr&egrave;s concern&eacute;e par le drainage artificiel des sols. Au total, 81 agriculteurs ont &eacute;t&eacute; enqu&ecirc;t&eacute;s (pratiques culturales, utilisation herbicides) et 93 parcelles ont fait l&rsquo;objet d&rsquo;un pr&eacute;l&egrave;vement de graines de vulpin pour &eacute;valuer leur &eacute;tat de r&eacute;sistance.

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<h2>Quid des syst&egrave;mes de culture en place ?</h2>

 
Cette enqu&ecirc;te montre des situations avec des infestations importantes (75 % des parcelles &agrave; plus de 100 plantes/m2) non ma&icirc;tris&eacute;es par des programmes de d&eacute;sherbage pourtant cons&eacute;quents (figure 2). Il ressort &eacute;galement de l&rsquo;enqu&ecirc;te que les programmes de d&eacute;sherbage, en 2 passages minimum, &eacute;taient plus pr&eacute;sents dans les rotations &laquo; courtes &raquo; que &laquo; longues &raquo; (figures 1 &amp; 2). Ces r&eacute;sultats sont confirm&eacute;s dans les enqu&ecirc;tes &laquo; Pratiques agricoles &raquo; en g&eacute;n&eacute;ral, avec des utilisations d&rsquo;herbicides sup&eacute;rieures en rotations courtes, sans cultures de printemps. Ce type de syst&egrave;me favorise les gramin&eacute;es automnales.

<a href="http://blob:chrome-untrusted://image-magnify/0c02058e-d1e4-4cbd-b6b7-771cfbf80d95"><img alt="" src="blob:chrome-untrusted://image-magnify/0c02058e-d1e4-4cbd-b6b7-771cfbf80d95" /></a>

<figure class="image"><img alt="" height="193" src="https://www.perspectives-agricoles.com/sites/default/files/styles/desktop_wysiwyg_4_3/public/inline-images/PA525-vulpins-resistants-figure1.jpg?itok=zciA5Tt_" width="382" />
<figcaption>Figure 1 : Utilisation des herbicides (en programme ou en application unique)&nbsp; 
en fonction de la rotation en place&nbsp;</figcaption>
</figure>

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<figure class="image"><img alt="" height="274" src="https://www.perspectives-agricoles.com/sites/default/files/styles/desktop_wysiwyg_4_3/public/inline-images/PA525-vulpins-resistants-figure2.jpg?itok=paDeNgyh" width="381" />
<figcaption>Figure 2 : Salissement constat&eacute; des parcelles en vulpins (57 parcelles)</figcaption>
</figure>

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En revanche, contrairement aux syst&egrave;mes c&eacute;r&eacute;aliers en sols argilo-calcaires superficiels, les agriculteurs enqu&ecirc;t&eacute;s ont des rotations diversifi&eacute;es (75 % des cas avec une culture de printemps, quelle que soit la dur&eacute;e de la rotation). Le constat est le m&ecirc;me pour le travail du sol, avec une proportion importante de labour (60 % des parcelles labour&eacute;es et 48 % en labour occasionnel) car cela reste un moyen efficace de d&eacute;sherbage. Pourtant, malgr&eacute; les cultures de printemps et le travail du sol, 75 % des agriculteurs consid&egrave;rent &ecirc;tre en situation difficile (plus de 100 pieds de vulpins/m2), dont 28 % avec plus de 1000 pieds de vulpin/m2. La satisfaction n&rsquo;est donc pas au rendez-vous et impose de poursuivre les efforts en utilisant tous les leviers, voir de les combiner encore plus, en y incluant bien entendu les herbicides sur toutes les cultures.

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<h2>Et les pratiques herbicides ?</h2>

 
L&rsquo;analyse des pratiques herbicides constitue l&rsquo;un des points cruciaux du projet 3D Lorraine. En c&eacute;r&eacute;ales &agrave; paille, dans cette enqu&ecirc;te, une tr&egrave;s large majorit&eacute; des parcelles pr&eacute;sente des vulpins r&eacute;sistants aux herbicides de printemps (inhibiteurs de l&rsquo;ACCase ou de l&rsquo;ALS) (figure 3).

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<figure class="image"><img alt="" height="277" src="https://www.perspectives-agricoles.com/sites/default/files/styles/desktop_wysiwyg_4_3/public/inline-images/PA525-vulpins-resistants-figure5_0.jpg?itok=FXzEeP1-" width="717" />
<figcaption>Figure 3 : Tests de r&eacute;sistance des vulpins aux inhibiteurs de l&#39;ACCase et de l&#39;ALS (65 populations)&nbsp;</figcaption>
</figure>

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De facto, les agriculteurs se tournent vers les solutions restantes que sont les herbicides racinaires d&rsquo;automne (figure 4). Par chance, pr&egrave;s de 90 % des parcelles d&eacute;sherb&eacute;es avec des substances actives racinaires d&rsquo;automne ne pr&eacute;sentent pas de d&eacute;rive d&rsquo;efficacit&eacute;.

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<figure class="image"><img alt="" height="254" src="https://www.perspectives-agricoles.com/sites/default/files/styles/desktop_wysiwyg_4_3/public/inline-images/PA525-vulpins-resistants-figure3_0.jpg?itok=Fd_SohrL" width="372" />
<figcaption>Figure 4 : R&eacute;partition, par modes d&#39;action, de l&#39;utilisation des substances actives&nbsp; 
sur les c&eacute;r&eacute;ales &agrave; paille (51 parcelles en c&eacute;r&eacute;ales d&#39;hiver)&nbsp;</figcaption>
</figure>

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90 % des 51 parcelles investigu&eacute;es re&ccedil;oivent une ou deux substances actives du groupe HRAC 15 (fluf&eacute;nacet, prosulfocarbe, triallate), 85 % environ re&ccedil;oivent une ou des substances actives du groupe HRAC 12 (difluf&eacute;nican, picolinaf&egrave;ne). Peu re&ccedil;oivent des substances des groupes HRAC 3 (pendim&eacute;thaline) et HRAC 2 (inhibiteurs de l&rsquo;ALS). Pour ce dernier groupe, leur utilisation se limite aux parcelles o&ugrave; les vulpins restent sensibles &agrave; cette famille d&rsquo;herbicides.

Les strat&eacute;gies d&rsquo;automne, en parcelles drain&eacute;es, utilisent des substances actives des groupes 12 et 15. Elles sont donc tr&egrave;s vuln&eacute;rables aux &eacute;volutions du contexte r&eacute;glementaire. Avec le retrait potentiel du fluf&eacute;nacet &agrave; l&rsquo;horizon 2026, les strat&eacute;gies de d&eacute;sherbage sont &agrave; repenser enti&egrave;rement. Dans ce cas, il ne resterait que le prosulfocarbe (avec des menaces au niveau fran&ccedil;ais), la pendim&eacute;thaline (dont les sp&eacute;cialit&eacute;s commerciales ont h&eacute;rit&eacute; de la phrase de risque H361, limitant les m&eacute;langes), et enfin la sp&eacute;cialit&eacute; commerciale Constel (&agrave; base de CTU mais uniquement applicable en post-lev&eacute;e sur sols &agrave; moins de 45 % d&rsquo;argile). Nous pouvons &eacute;galement citer les substances actives &agrave; action non n&eacute;gligeable sur gramin&eacute;es telles que le DFF, le picolinaf&egrave;ne et la b&eacute;flubutamide.

Dans ces conditions, un programme type D&eacute;fi + Prowl 400 en pr&eacute;lev&eacute;e rattrap&eacute; en postlev&eacute;e pr&eacute;coce par Constel apportera de l&rsquo;efficacit&eacute; mais sera probablement insuffisant sur fortes populations (lesquelles repr&eacute;sentent 75 % des parcelles en Lorraine). D&egrave;s lors, deux options, compl&eacute;mentaires, peuvent &ecirc;tre envisag&eacute;es :

s&rsquo;appuyer plus fortement sur les leviers agronomiques, 
s&rsquo;appuyer sur des outils pour piloter les applications d&rsquo;herbicides de mani&egrave;re &agrave; limiter le risque de transfert dans/vers l&rsquo;environnement. 
Les leviers agronomiques apportent une partie des r&eacute;ponses &agrave; la gestion des gramin&eacute;es. Le fait de d&eacute;caler les dates de semis, ou encore d&rsquo;introduire des cultures de printemps, permet de perturber le cycle de d&eacute;veloppement des vulpins (figure 5). Ces moyens de lutte ont des efficacit&eacute;s qui peuvent &ecirc;tre variables en fonction de l&rsquo;ann&eacute;e, de la mise en &oelig;uvre, etc. Ils ne peuvent pas &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme &laquo; &eacute;radiquant &raquo;. En revanche, ils permettent de diminuer significativement les densit&eacute;s en cultures. Dans l&rsquo;enqu&ecirc;te 3D Lorraine, lorsque la proportion de cultures de printemps dans la rotation augmente, les densit&eacute;s de vulpin constat&eacute;es en c&eacute;r&eacute;ales &agrave; paille sont globalement plus faibles.

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<figure class="image"><img alt="" height="241" src="https://www.perspectives-agricoles.com/sites/default/files/styles/desktop_wysiwyg_4_3/public/inline-images/PA525-vulpins-resistants-figure4_0.jpg?itok=S0WMWsGp" width="353" />
<figcaption>Figure 5 :&nbsp;Densit&eacute;s de vulpins constat&eacute;es dans les cultures, not&eacute;es en classes, 
en fonction du nombre de cultures de printemps cons&eacute;cutives dans la rotation (66 parcelles).</figcaption>
</figure>

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Les leviers agronomiques pr&eacute;sentent en revanche de nombreuses contraintes : &eacute;conomiques d&rsquo;abord, avec des cultures introduites peu rentables, agronomiques ensuite, avec des contextes p&eacute;doclimatiques peu adapt&eacute;s &agrave; certaines cultures, et enfin organisationnelles/sociales - avec du mat&eacute;riel sp&eacute;cifique non pr&eacute;sent sur l&rsquo;exploitation par exemple.

Une autre option possible serait l&rsquo;utilisation d&rsquo;un outil permettant de piloter au mieux les applications herbicides hors p&eacute;riode de saturation des sols en eau et de risque de transfert des produits. Un projet de ce type est en cours de d&eacute;veloppement et de validation r&eacute;glementaire. Bas&eacute; sur des mod&egrave;les scientifiques, il est d&eacute;velopp&eacute; en partenariat avec l&rsquo;INRAE. Cet outil permettrait de positionner les applications d&rsquo;herbicides d&rsquo;automne tout en limitant les transferts vers le milieu aquatique en s&rsquo;appuyant sur la mod&eacute;lisation de l&rsquo;&eacute;coulement des drains selon le contexte agroclimatique de la parcelle.

Un projet conduit en Lorraine évalue à 26 % les parcelles peu ou pas infestées par des vulpins résistants. Le retrait du flufénacet, annoncé pour 2026 sonne le glas des programmes tout automne...

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